Ces grands toscans qui nous font réver….

Récemment, un ami m’a appelé en me disant : « Tu dois regarder l’émission de Rai 3 sur les vins… Tu vas en apprendre beaucoup. » Intrigué, je me suis empressé de retrouver l’émission sur Internet. Intitulée “Un vin sur mesure”, c’est une enquête menée par le programme d’investigation Report.
Je connaissais déjà les fraudes habituelles dans le monde du vin : imitations, fausses étiquettes, et autres pratiques douteuses. Mais je suis resté stupéfait en découvrant que toutes (TOUTES) les grandes maisons toscanes trichent. Ces maisons, reconnues mondialement, vendent des bouteilles à plusieurs centaines d’euros en jouant sur leur prestige. Elles construisent leur image sur la rareté et l’excellence de leurs vins, prétendument produits avec un soin méticuleux. Selon la communication officielle, ces vins seraient le résultat de terroirs uniques, de climats exceptionnels et de décennies de savoir-faire.

La vérité

Pourtant, la réalité dévoilée par cette enquête est tout autre. À travers des documents exclusifs, Report démontre que certains des plus grands noms du vin toscan achètent chaque année de gigantesques quantités de vin en vrac auprès de négociants. Ces derniers se fournissent eux-mêmes auprès de courtiers et de producteurs dans diverses régions d’Italie. Le vin est ensuite modifié dans des laboratoires, où des correctifs améliorent la couleur, le degré d’alcool et les arômes. Ce vin transformé arrive alors dans ces maisons prestigieuses, qui peuvent ainsi produire un volume de bouteilles suffisant pour répondre à la demande croissante du marché mondial.
Souvent, ces vins proviennent de régions situées en dehors de la Toscane. Avec l’aide de documents frauduleux, comme l’ont révélé plusieurs témoins, ces vins se transforment en Chianti, Chianti Classico ou Sangiovese IGT Toscana.
Parmi les exemples cités dans l’enquête, la Cantina BORGHI joue un rôle clé. Cette entreprise achète des vins génériques de toutes provenances, notamment auprès de Vedovato, un fournisseur basé en Vénétie. Vedovato procède à des transformations chimiques et organoleptiques pour créer des vins “sur mesure”, adaptés aux besoins spécifiques des clients, ou reproduisant les caractéristiques d’un échantillon fourni. Les vins rouges génériques deviennent ainsi subtilement des Sangiovese IGT Toscana, d’une valeur inférieure à 3 € le litre. Borghi se fournit également dans d’autres régions italiennes: les Abruzzes, les Marches ou la Sicile. Elle revend ensuite ces vins en vrac à des maisons de renom situées à Bolgheri ou dans le Chianti.

les chiffres

Les chiffres dévoilés par Report sont éloquents.
Ornellaia (comme les autres, se vante de produire ses vins avec ses propres raisins…) Mais que fait Ornellaia (dont certains vins se vendent à plus de 1 000 € la bouteille) avec ces vins en vrac qu’elle ne produit pas et dont l’origine est douteuse ?
Même raisonnement avec Barone Ricasoli, l’emblème du Chianti Classico, qui achète, en 2020, l’équivalent de 140 000 bouteilles à Borghi ?
Et que dire de la Tenuta San Guido producteur du légendaire Sassicaia, qui achète, en 2023, l’équivalent de 250 000 bouteilles de vin en vrac… à 3 € pour en faire des vins prestigieux allant de 60 € à 300 € la bouteille ?
Ces révélations ne se limitent pas à des hypothèses. L’émission présente des preuves tangibles, des documents compromettants et des témoignages accablants. Le pire, est que malgré la gravité de ces pratiques, les autorités compétentes restent passives de peur de l’ effondrement de la crédibilité du vin toscan, synonyme jusqu’ici d’excellence et de tradition.

voici le lien du reportage

conclusion

Quel serait l’intérêt de contrefaire ou de tricher sur un vin sans réputation ?

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